jeudi 19 novembre 2009

Étapes...ou la délivrance de l'erreur

La vision du cœur 
On demanda à Abû Sa'îd ibn Abi-L'Khayr : « Quand un homme est-il délivré des besoins ? » 
« Quand Dieu l'en délivre;· ceci ne s'opère pas grâce aux efforts de l'homme, mais avec l'aide et la grâce de Dieu. Tout d'abord, Il produit en lui le désir de parvenir à ce but. Puis, Il lui ouvre la porte du repentir - tawba. Ensuite, Il le jette dans la mortification - mujâhada -, de telle sorte qu'il continue à lutter et, pour un temps, à se louer de ses efforts, pensant qu'il est en train de progresser et de réaliser quelque chose; mais ensuite il tombe dans le désespoir et n'éprouve plus de joie. Alors, il sait que son œuvre n'est pas pure, mais souillée, il se repent des actes de dévotion qu'il avait cru être les siens propres, et s'aperçoit qu'ils avaient été accomplis par la grâce et le secours divins, et qu'il était coupable d'associationisme - shirk - en les attribuant à ses propres efforts. Quand ceci lui devient évident, un sentiment de joie pénètre dans son cœur. Alors Dieu lui ouvre la porte de la certitude - yaqîn - de sorte que pendant un temps il prend n'importe quoi de quiconque et accepte l'insolence et endure l'abaissement et sait avec certitude par Qui cela est produit, et le doute à ce sujet est écarté de son cœur. Alors Dieu lui ouvre la porte de l'amour - mahabba -, et ici aussi l'égoïsme apparaît pendant un temps, et il est exposé au blâme - malâma - : ce qui signifie que, dans son amour pour Dieu, il affronte sans crainte tout ce qui peut lui arriver et ne prend pas garde aux reproches; mais il pense encore : «j'aime », et ne trouve pas de repos avant de s'apercevoir que c'est Dieu qui l'aime et qui le maintient dans cet état d'amour, et que c'est là le résultat de l'amour et de la grâce de Dieu, et non de ses propres efforts. Alors, Dieu lui ouvre la porte de l'unité - tawhîd - et fait qu'il comprend que toute action dépend du Dieu Tout-Puissant. Alors, il voit que tout est Lui, que tout est fait par Lui, et que tout est à Lui; qu'Il a donné à Ses créatures cet amour-propre afin de les mettre à l'épreuve, et que c'est Lui qui, dans Son Omnipotence, veut qu'elles s'en tiennent à cette fausse opinion, parce que l'omnipotence est Son attribut, de sorte que lorsqu'elles considèrent Ses attributs elles savent qu'Il est le Seigneur. Ce qu'il savait auparavant par ouï-dire lui devient à présent connu intuitivement, tandis qu'il contemple les œuvres de Dieu. Alors il reconnaît entièrement qu'il n'a pas le droit de dire « je » ou « mon ». A ce degré, il contemple sa misère ; les désirs l'abandonnent et il devient libre et tranquille. Il souhaite ce que Dieu souhaite; ses propres souhaits ont disparu, il est délivré de ses besoins et s'est acquis la paix et la joie dans les deux mondes... D'abord, l'action est nécessaire, puis la connaissance, afin que tu puisses savoir que tu ne sais rien et que tu n'es rien. Ceci n'est pas facile à savoir. C'est une chose qui ne peut être enseignée vraiment, ni cousue avec une aiguille ou attachée avec un fil. C'est un don de Dieu. La vision du cœur est ce qui compte, non la parole de la langue. Tu n'échapperas jamais à ton moi - nafs - avant de l'avoir tué. Dire : « Il n'y a pas de dieu sinon Dieu » ne suffit pas. La plupart de ceux qui prononcent verbalement la profession de foi sont des polythéistes dans leur cœur, et le polythéisme est le seul péché impardonnable. Le corps tout entier est plein de doute et de polythéisme. Il faut que tu les chasses afin d'être en paix. Tant que tu ne renonceras pas à ton « moi », tu ne croiras jamais en Dieu. Ton « moi », qui te garde éloigné de Dieu et te fait dire : « Un tel a mal agi à mon égard, un tel a bien agi, met l'accent sur la créature; et tout ceci est du polythéisme. Rien ne dépend des créatures, tout dépend du Créateur. Il faut que tu saches et proclames cela, et, l'ayant proclamé, tu dois rester ferme. Rester ferme - istiqâma - signifie que lorsque tu as dit « Un », tu ne dois plus jamais dire « deux ». Le créateur et la créature sont « deux » ... Demeurer ferme consiste en ceci : quand tu as dit « Dieu », tu ne dois plus parler ou avoir la pensée des choses créées, comme si elles n'existaient pas ... Aime Celui qui ne cesse pas d'être lorsque toi tu cesses afin d'être tel que tu ne cesseras jamais d'être. »

 ASa'îd ibn Abi'L'Khayr

(2009...et rajouté le 06/10/2020)


Quoiqu’il en soit, et d’une façon générale : à la question de savoir si le genre humain est effectivement intelligent, on est en droit de répondre par la négative, en bonne conscience, puisque nous nous trouvons dans l’âge de fer. Somme toute, ne sont concrètement intelligents que les sages et les saints ; on voit en eux des surhommes - avec raison à un certain point de vue - alors que, étant réalistes, ils sont simplement des hommes normaux; ou des hommes primordiaux, si nous pensons aux conditions spirituelles de l’âge d’or. Cela nous permet de formuler, d’une manière synthétique et quasi lapidaire, les considérations suivantes : l’homme primordial savait par lui-même qu’il y a Dieu; l’homme déchu ne le sait pas, il doit l’apprendre. L’homme primordial avait toujours conscience de Dieu; l’homme déchu, tout en ayant appris qu’il y a Dieu, doit se forcer à en avoir toujours conscience. L’homme primordial aimait Dieu plus que le monde; l’homme déchu aime le monde plus que Dieu, il doit donc pratiquer le renoncement. L’homme primordial voyait Dieu partout, il avait le sens des archétypes et des essences et n’était pas enfermé dans l’alternative « chair ou esprit » ; l’homme déchu ne voit Dieu nulle part, il ne voit que le monde en tant que tel, non comme manifestation de Dieu. La primordialité, c’est la fitrah des soufis : la nature humaine essentielle et normative, créée à l’image du Créateur; et c’est par là même l’intelligence en soi, projection de la conscience divine. Car « J’étais un trésor caché et je voulais être connu, donc J’ai créé le monde»; et avec lui l’esprit humain.

Frithjof Schuon in « Racines de la condition Humaine »


"Le monde est malheureux parce que les hommes vivent au-dessous d'eux-mêmes. L'erreur des modernes, c'est de vouloir réformer le monde sans vouloir ni pouvoir réformer l'homme. Et cette contradiction flagrante, cette tentative de faire un monde meilleur sur la base d'une humanité pire, ne peut aboutir qu'à l'abolition même de l'humain et par conséquent aussi du bonheur. Réformer l'homme, c'est le relier au Ciel, rétablir le lien rompu. C'est l'arracher au règne de la passion, au culte de la matière, de la quantité et de la ruse, et le réintégrer dans le monde de l'esprit et de la sérénité, nous dirions même : dans le monde de la raison suffisante." Frithjof Schuon in "Comprendre l'islam"







"La réalisation de soi signifie réaliser à quel point vous avez été idiot. 
Tout était juste ici en vous-même et vous n'avez rien vu."
 a wise man.


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